mercredi 4 janvier 2012

Système de retraite en France : Audition Assemblée Nationale (janv 2010)


Assemblée Nationale - Audition
Evolution du système de retraite français
Intervention de JP BULTEZ
Représentant l’association des petits frères des Pauvres France
Membre de la Coordination AGE France




a.      Pour l’ASPA
b.      Pour le minimum contributif





La réforme d’un système de retraite est appelée à répondre à de multiples attentes. Pour ce qui nous concerne, c’est autour des minima de retraites et de ressources non contributives que nous voulons porter l’attention. En effet, l’association accompagne depuis plus de 60 ans des personnes âgées isolées, démunies et en précarité, dès l’âge de 50 ans.
L’expérience vécue par les bénévoles qui accompagnent les personnes âgées, ainsi que les professionnels qui les soutiennent, fait se rencontrer des générations différentes mais un même désir de vivre et de partager.
C’est au nom des personnes accompagnées et des bénévoles que les attentes qui suivront seront exprimées. Mais nul doute que l’audition des personnes âgées elles mêmes, vivant des minima sociaux eut pu aussi être organisée.
Par ailleurs, l’allongement de l’espérance de vie conduit des personnes à entrer en « retraite » pour de longues années. Mais les handicaps, les formes de dépendances, l’isolement apportent des ombres à ce vieillissement. Aussi, l’articulation entre revenus monétaires (ressources) dans le vieillissement doit être articulée avec les services d’aide aux personnes (santé, soins, transports, etc, ) répondant à leurs besoins.


1-Une évolution certaine des ressources des personnes retraitées

Constatons que les personnes retraitées ont historiquement bénéficié de meilleures conditions de retraite, du fait essentiellement de meilleurs emplois, d’un taux de mise à l’emploi plus élevé, etc …
Le raccordement entre les situations des retraités et leur rapport à la pauvreté est délicat à établir. En effet, le taux de pauvreté est établi par Unité de Consommation (UC), donc par ménage avec une pondération selon une échelle d’équivalence(Oxford rectifié).

Les documents publiés par l’INSEE, sans entrer dans un débat de fond sur ce qu’il convient de prendre en compte dans ces ressources (ressources issues du patrimoine, loyers imputés ou non) font apparaître que le niveau de vie moyen des retraités est très proche de celui des actifs (valeur €2007) : 21540 contre 22470 euros pour les actifs de 18 ans ou plus.
Si l’on regarde le niveau de vie à partir de la médiane (50% des revenus sont au dessous et 50% au dessous), hors revenus du patrimoine, le rapport des niveaux de vie entre retraités et actifs est inchangé.
Avec les revenus du patrimoine, la situation des retraités relativement aux actifs est moins favorable.
Quoi qu’il en soit, il existe de fortes inégalités entre les retraités comme entre les actifs.

Le taux de pauvreté (à 60% de la médiane des revenus) des personnes âgées ressort à 9.7% (valeur 2007), contre 9.8% pour les actifs(valeur 2006) et 13.4% pour l’ensemble de la population (valeur 2007).
Une analyse par décile de revenus montre que le niveau de vie du 1° décile des revenus des personnes âgées évolue régulièrement à la hausse, ce qui fait diminuer d’autant le nombre de ressortissants du « minimum vieillesse ». Pour autant la situation est-elle stabilisée et satisfaisante?


2-     Une différence Hommes/ Femmes qui s’atténue

Après avoir positionné la question des ressources des personnes âgées, regardons plus spécialement ce qui concerne les inégalités entre Hommes et Femmes.

Si l’évolution des pensions perçues par les femmes évolue très favorablement depuis de nombreuses années, il n’en reste pas moins que le poids des modèles sociaux et familiaux reste très fort (modèle de l’homme au travail et de la femme au foyer). On peut donc souhaiter agir sur les mécanismes de calcul des pensions pour réduire l’impact de situations vécues par les femmes, mais cela ne doit pas oblitérer  les enjeux de société plus globaux.

Les inégalités de revenus entre hommes et femmes subsistent, du fait des emplois moins qualifiés, des types de contrats, des niveaux de rémunérations, des discriminations à l’embauche, des « plafonds de verre », toutes choses déjà bien analysées. Le récent choix de partager les annuités attribuées aux femmes de deux années pour chaque naissance entre la mère (un an de droit) et le père (un an possible) peut aussi  apparaître comme un vecteur de réduction de la pension des femmes, indépendamment des conséquences indirectes ou directes liées à la naissance d’enfants.





Extrait de la Commission des comptes de la Sécurité Sociale 2009


3-Les retraités et le « minimum contributif »

Le « minimum contributif » permet aux personnes retraitées, ayant une retraite au taux plein, mais ayant cotisé sur la base de salaires modestes (SMIC) de voir leur retraite majorée jusqu’à ce « minimum ». Celui-ci est fixé au 1° avril 2009 à 590.33 €.
Une majoration modeste est accordée depuis la loi de 2003. Mais depuis 2009, cette majoration n’est accordé que si le/la retraité(e)  a cotisé 120 trimestres (ou 30 ans) et se monte à 54.74 euros par mois. Au total le minimum contributif majoré est établi à 645.07€.

Ce dispositif prend une place très importante dans l’ensemble du système de retraite.
En effet, sous l’angle du genre, 70% des pensions versées à des femmes incluent ce minimum contributif et pour 50% des femmes ayant des droits propres, le complément est assuré par le MICO (MInimum COntributif).
Comme le minimum contributif est défini comme un différentiel, seuls 10% des retraités ont le MICO entier.
Enfin, notons que 50% des bénéficiaires du MICO ont une durée d’assurance inférieure à la durée requise pour le taux plein (120 trimestres).


La condition de durée de 120 trimestres pour bénéficier de la majoration du minimum contributif n’est couverte que pour 40% des femmes et 60% des hommes : l’inégalité est ainsi renforcée.


4      - Le minimum vieillesse – Allocation de Solidarité aux Personnes Agées

Point n’est besoin de rappeler ce qu’est le minimum Vieillesse et ses évolutions. Nous concentrons notre réflexion sur le rapport entre ce minimum et le seuil de pauvreté pour les personnes isolées ou les retraités en couple.

A l’évidence, le décrochage est réel. Le rattrapage mis en place par le Gouvernement de +25% en 5 ans pour les personnes isolées, va dans le bon sens. Mais quid des ménages pour qui aucun rattrapage n’est envisagé.

Le lien avec le « seuil de pauvreté » est un point fondamental. En effet, dans l’Union Européenne, le consensus s’est établi pour déclarer que le seuil de pauvreté s’établit à 60% de la médiane des ressources d’un foyer, conduisant à considérer que l’on est « pauvre » dans une société au regard de la richesse générale de cette société, dont on partage les modes de vie.
5-Quelles attentes ?
a.      Pour l’ASPA
b.      Pour le minimum contributif
Pour l’ASPA :
-        maintenir un dispositif de type ASPA pour satisfaire aux principes constitutionnels dont celui qui dit « alinéa 11 de la Constitution de 1946 : « Tout être humain, qui, en raison de son âge (…) se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence »
-        rattrapage avec le « seuil de pauvreté » pour les personnes isolées comme pour les couples
-        comparaison et réflexion avec ce qu’est un revenu « décent » et adéquat, sur la base du consensus (expérience de le John Rowntree Foundation)
-        liens avec les tarifs sociaux
-        accès aux soins avec une articulation cohérente avec les seuils CMU notamment.

Pour le Minimum contributif :
-        réflexion sur le niveau de vie décente
-        suppression de la règle des 120 trimestres pour obtenir la majoration
-        lien entre le minimum contributif et le seuil de pauvreté

Plus largement :
                  Les évolutions de notre société sont à prendre en compte : carrières interrompues ou saccadées, amenuisement des liens conjugaux, familles monoparentales, développement du PACS. De même, l’allongement de l’espérance de vie conduit de plus en plus de familles à devenir des « aidants », rôle assurée essentiellement par les femmes, ce qui contribue en sus à la réduction de leurs carrières professionnelles. Des aménagements ont été apportés pour les périodes de fin de vie des parents quand on souhaite rester proche d’eux.
                  Dans l’hypothèse d’un remaniement substantiel du système, à l’image du dispositif du RSA, on pourrait envisager que l’on ait une articulation entre une pension minimale (comme le RSA socle) combinant l’actuel minimum contributif ou le minimum vieillesse et une pension calculée selon des paramètres établis. Une majoration pour les personnes ayant travaillé et cotisé serait alors comprise. De même on aurait ainsi un complément de retraite (un différentiel) en cas de montant inférieur à cette valeur socle.

Lutter contre les inégalités hommes femmes, travailler sur la répartition des rôles hommes/femmes dans la société et la vie familiale, comme dans la vie professionnelle.


13/01/2010

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire