vendredi 13 janvier 2012

Le logement, son adaptation face au vieillissement (janvier 2012)


Intervention au Sénat (Association APIL) le 11 janvier 2012 de JP BULTEZ
(Vice Président AGE Plateforme Europe)
L’adaptation du logement aux dépendances : de quoi parle-t-on ? Qui en parle ?
Cette question est de plus en plus présente dans l’actualité européenne, du fait de la montée d’une société vieillissante et d’un accroissement du nombre de personnes dépendantes. Tout cela est connu, chiffré.
Je resterai sur le cas de figure le plus « massif »  à traiter, celui des personnes qui veulent rester à leur domicile (seules 15% des personnes de plus de 85 ans vont en EHPAD).
1 – Parler d’adaptation, oui, on en parle :
-       Dans le cadre de la réflexion politique sur la dépendance et sa prise en charge, menée au 1° semestre 2011, le groupe présidé par Annick Morel, a en France, engagé une réflexion de fond, incluant les questions de logement. Le Sénateur André TRILLARD a lui même publié un rapport en juin 2011  sur la prévention de la dépendance des personnes âgées. Un chapitre entier est consacré au maintien à domicile et à l’adaptation du logement (page 46 à 61). Muriel BOULMIER a commis en 2010 un important rapport sur le sujet. Ce sujet « monte ».
-       Aspect peu mentionné, celui des personnes retraitées qui sont aussi des électeurs, donc influençant les politiques publiques à l’avenir.
-       Essentiellement sous l’angle d’adaptations techniques, sur le bâti, les équipements, la vie quotidienne à améliorer : les ouvrages, colloques ont décortiqué cette approche depuis plusieurs années. L’approche par la diversité, dans les quartiers, et celle de la cohésion sociale, poussent à maintenir un tissu intergénérationnel dans les territoires et non à ségréguer les populations.
-       Cela évolue peu à peu vers le fait que les logements soient mieux conçus, mieux organisés, plus conformes aux besoins, avec de la domotique, des approches ergonomiques, le « design for all ».
-       Plus récemment, la question de l’énergie est venue s’installer dans le débat : de quelles adaptations faut-il parler en matière d’énergie ? Car cette part du budget devient considérable ! Que cela concerne les personnes dépendantes ou non ! Des retraités nous disent « manger dans le noir », pour ne pas consommer d’électricité.
-       Le fait de rester chez soi de longues années avec des handicaps et dépendances et de souhaiter y mourir (ce « territoire intime » selon le Docteur Pierre Guillet), conduit à associer des équipements et des services de soin et de santé : d’où la prise en compte des techniques de télémédecine, télésurveillance, … dans des logements équipés à cet effet.

Au fond on passe du logement à l’habitat, au quartier, à l’environnement. Car si le logement est bien adapté, à quoi cela sert-il, si le quartier reste inaccessible, comme une montagne à franchir (escaliers et ascenseurs trop étroits, accessibilité des lieux publics).
De fait, des niveaux d’adaptation s’affichent : logement accessible, logement adapté (de base), logement très adapté (Département du Rhône + Vivre chez soi).
Enfin, les services de proximité, commerces et transports en commun, les équipements culturels et sportifs restent essentiels et renvoient les politiques publiques à leurs rôles de garants, notamment à cet égard, pour que les équilibres du « vivre ensemble » soient préservés.
L’OMS et son « réseau des villes amies des ainés » (un label) donne le ton des adaptations à faire pour rendre la ville « user friendly ». Peu de villes en France en font partie.

2 - Le logement est le lieu du « foyer » :
-       Adapter le logement, cela peut-il se faire SANS les personnes qui y vivent ? Assurément NON. Mais s’agit-il seulement d’équipements domotiques, électroniques et autres ? Pour certains, cela est déjà pas mal de s’en préoccuper, dedans et dehors le logement.
-       Mais en écoutant les besoins, la parole des personnes, on ressent une autre demande, celle de rester chez « soi », parce que le chez « soi » est « son foyer ».
-       Quelles que soient  les situations, tant que l’on peut rester chez soi, éviter la « maison de retraite » (parfois lointaine), c’est parce que le logement est et reste le « foyer », ce lieu où l’on a tissé des liens, mêlant ainsi indissolublement lieux et liens (travaux de la sociologue Bernadette Puijalon)
-       De là ces expériences vécues de voir un homme ou une femme seul(e) rester dans un appartement trop grand, pour pouvoir, même si c’est peu probable, continuer à accueillir chez soi, poursuivre un rôle d’hospitalité, qui finalement traduit le fait que l’on « reste maitre chez soi »(Dominique Argoud). Les expériences de logements intergénérationnels (étudiants et personnes âgées) en sont une preuve. De même, la coexistence de 4 voire 5 générations vivantes ensemble conforte cette approche. Et le rôle des aidants devenant crucial, une place disponible est souvent bienvenue dans le logement.

Il s’agit donc d’adapter non seulement un logement mais un « foyer » aux dépendances, sans rompre les liens tissés depuis des décennies.
3 – Un foyer que l’on adapte ne doit pas voir se briser les LIENS qui y ont été créés, mais conduire à créer d’autres liens :
-       Investir dans le bâti, le côté technique, accessible, faciliter la vie quotidienne, cela reste évident. Construire dans du neuf des logements habitables par des personnes à mobilité réduite, avec des dépendances ou pertes d’autonomie, profitant ainsi à tous les groupes d’âge.
-       Mais il faut investir la demande des personnes, leurs besoins, leurs attentes, ce qui rend vivants et en relation aux autres. Donc cela passe par une analyse individuelle des situations, une écoute « personnelle » de chaque personne, voire de ses entourages (aidants familiaux, voisinages, amis). C’est dans ce cadre que les projets de logements intergénérationnels sont nés.
Des exemples récents montrent les cohérences :
§  aux Essarts le Roi : les 88 logements sociaux intergénérationnels de type PLS par la Société HLM Aximo, alliant les concepts d’habitat pour un développement durable, loyers de 445 Euros pour un studio de 38 M2, équipements pour des économies d’énergie, et accès à une gamme de services par prestataires, complété d’un espace commun accessible à tous les locataires : http://www.senioractu.com/Essarts-le-Roi-un-programme-de-logements-sociaux-intergenerationnels_a14415.html?preaction=nl&id=3759892&idnl=101880&

§  la Villa Sully à Annecy Seynod : 90 appartements au cœur de la ville, avec conciergerie, services au pied de l’immeuble : http://www.senioractu.com/Well-Dom-Concept-GDP-Vendome-lance-la-commercialisation-de-la-Villa-Sully-a-Annecy-Seynod_a14413.html?preaction=nl&id=3759892&idnl=101880&
-       Pour les personnes très dépendantes, et souffrant de la maladie d’Alzheimer, le dispositif des MAIA reste le bon exemple après deux ans d’expérimentation de ce travail inter réseaux et en partenariat, centré sur le soin et la santé : créer et entretenir des liens reste essentiel.

La tentation pourrait être de « remplacer » les liens existants (fruit d’une histoire sociale) par des interventions de prestataires, que l’on va instituer en « plateforme », la plus à proximité, au lieu de les conjuguer.
4 – Passer à une adaptation raisonnée, pratique, « à la demande » pour « rester autonome », sans rompre les liens :
-       En fait, la personne confrontée à de nécessaires adaptations se trouve face à des dispositifs qu’il faut atteindre :
o   ANAH
o   CNAV/MSA/CNSA
o   Fonds sociaux des caisses de retraite AGIRC ARCOO (plan 2010_2013)
o   Aides municipales ou des communautés urbaines
o   Aides privées, caritatives, …
-       Les dossiers sont parfois simples, mais longs à faire aboutir eet il faut toujours DEMANDER.
-       Un processus de « labellisation » des adaptations peut aussi apporter des « garanties » quant au respect des personnes, des professionnels impliqués, des financeurs.
-       Mais un jour, l’on meurt, et le logement qui a été adapté doit rester « dédié » à des situations humaines comparables.

Un accompagnement est nécessaire, et doit se personnaliser pour mesurer ce qui convient d’être fait : est-ce par les institutions existantes (CLIC, CCAS, Guichets SS,) ou faut-il établir un guichet interinstitutionnel dédié ?
L’exemple des suites de la canicule est à méditer, car les municipalités ont mis en place des services de soutien auprès des publics à risques. Et cela marche !
5 – Que retirer des exemples et stratégies proches, en Europe ?
-       Dans l’Union Européenne UE 2020, s’il existe un chantier autour de la réduction de la pauvreté, rien de semblable pour le logement, qui reste une compétence nationale.
-       A travers toute l’Europe, l’orientation commune est bien celle du maintien à domicile le plus longtemps possible.
o   Le concept est celui du « logement inclusif » (inclusive housing), durable et adaptable tout au long de la vie.
o   Au Royaume Uni (stratégie depuis 2008 « life time homes, life time neighbourhoods »), au Danemark, en Suède, c’est le principe du « guichet unique » qui a été retenu, sous l’obédience des villes pour couvrir ces besoins d’adaptations et d’articulation avec les aspects de santé.
o   En Suède, un « social security act » stipule le droit des personnes âgées ayant des besoins particuliers d’obtenir des logements adaptés et accessibles ou une aide à domicile.
o   En Tchéquie, tous les nouveaux bâtiments doivent être « accessibles » depuis 2001. Les réponses concrètes méritent le détour :
o   La réponse par le « Béguinage », haut lieu culturel des pays flamands où l’on vit, en bon voisinage, sans souci matériel, avec une protection, une sécurité.
o   La réponse par le logement communautaire là où des familles (isolé ou couples) vivent et partagent des tâches ensemble, gardant un espace privatif. L’architecture a été conçue à cet effet (Pays Bas et Allemagne).

-       La France hésite entre un « guichet unique » et une « coordination des acteurs » dont l’un serait désigné chef de file. Car c’est bien d’une politique coordonnée et globale qu’il s’agit alliant décisions et actions rapides et proportionnées. L’usager (si tant est que l’on puisse utiliser ce terme) ne peut qu’être au centre d’une co construction de la solution.
-       Exemple concret : L’exemple des digicodes, illisibles, trop haut placés, peut sembler marginal, et pourtant ! Qui est consulté sur ces aspects pratiques ?
-       L’expérience d’articulation entre une autorité locale/régionale (le Conseil Général) et une administration comme l’ANAH laisse présager de devoir établir des protocoles multiples. Les dispositifs en place des PDALPD, et des FSL, déjà co-pilotés entre Conseils Généraux et Etat pourraient être regardés aussi. De plus, les niveaux des collectivités locales sont en débat, malgré la loi de réorganisation votée. Des expérimentations seraient utiles, car l’enjeu est majeur.
6 – Quelle réponse de masse apporter dans une société vieillissante ?
-       Faut-il des programmes de diagnostics par territoire d’action (mais lequel, sinon la commune ou l’intercommunalité) pour mesurer le nombre de « foyers » concernés ? Mais derrière le diagnostic, la situation économique des personnes est à examiner, car même avec des aides publiques il y a un « reste à charge » que l’on ne peut occulter ? L’accès aux prêts ne doit pas conduire au surendettement quand il s’agit de rendre son logement adapté, et accessible. Mais l’accès aux prêts (pour des sommes de 3000-5000 euros) est-il possible quand on vit avec le « minimum vieillesse » ? Outre que les banques ne prêtent pas à ces personnes.
-       L’accès aux opérateurs internet doit s’adapter aux moyens financiers des ainés et chercher des outils « design for all ».
-       Faut-il revisiter les dispositifs de planification (SCOT, PLU, PLH, PDALPD, ARS et schéma de prévention, de soins gérontologiques, …) et voir comment le vieillissement de la population y  est intégré ? A la fois, dans le logement et dans l’environnement, pour fluidifier les mobilités de tous les citoyens. Peut-on autoriser des programmes de logements sans réseaux de transports publics de proximité ?
-       Faut-il diligenter un organisme central pour passer du diagnostic à l’action ?
-       D’où la question de la gouvernance d’un tel processus d’adaptation des logements et des quartiers à ces réalités de personnes vieillissantes. Mais il faut aussi une vision du développement d’un plan et d’un cadrage coordonné, flexible, mais durable.
L’enjeu est colossal, toute la société est à mobiliser. Le thème de l’année européenne 2012 centré sur la solidarité entre les générations sera une belle opportunité pour que croisse cette approche d’une solidarité, constitutive de la cohésion sociale et territoriale. Notamment, le projet d’une UE « amie des ainés » et d’un réseau des Maires des « villes amies des ainés » semble constituer une avancée conceptuelle, qu’il faudra suivre et accompagner.
Hors propos :Les programmes sont multiples et non coordonnés :
-       améliorer son logement avec économie d’énergie (programme Habiter Mieux de l’ANAH pour les propriétaires occupants modestes)
-       des conseils généraux réduisent voire suppriment les primes d’adaptation des logements au profit de primes pour les économie d’énergie
-       au niveau régional, les Conseils régionaux privilégient les économies d’énergie ?
13/01/12

mercredi 4 janvier 2012

Système de retraite en France : Audition Assemblée Nationale (janv 2010)


Assemblée Nationale - Audition
Evolution du système de retraite français
Intervention de JP BULTEZ
Représentant l’association des petits frères des Pauvres France
Membre de la Coordination AGE France




a.      Pour l’ASPA
b.      Pour le minimum contributif





La réforme d’un système de retraite est appelée à répondre à de multiples attentes. Pour ce qui nous concerne, c’est autour des minima de retraites et de ressources non contributives que nous voulons porter l’attention. En effet, l’association accompagne depuis plus de 60 ans des personnes âgées isolées, démunies et en précarité, dès l’âge de 50 ans.
L’expérience vécue par les bénévoles qui accompagnent les personnes âgées, ainsi que les professionnels qui les soutiennent, fait se rencontrer des générations différentes mais un même désir de vivre et de partager.
C’est au nom des personnes accompagnées et des bénévoles que les attentes qui suivront seront exprimées. Mais nul doute que l’audition des personnes âgées elles mêmes, vivant des minima sociaux eut pu aussi être organisée.
Par ailleurs, l’allongement de l’espérance de vie conduit des personnes à entrer en « retraite » pour de longues années. Mais les handicaps, les formes de dépendances, l’isolement apportent des ombres à ce vieillissement. Aussi, l’articulation entre revenus monétaires (ressources) dans le vieillissement doit être articulée avec les services d’aide aux personnes (santé, soins, transports, etc, ) répondant à leurs besoins.


1-Une évolution certaine des ressources des personnes retraitées

Constatons que les personnes retraitées ont historiquement bénéficié de meilleures conditions de retraite, du fait essentiellement de meilleurs emplois, d’un taux de mise à l’emploi plus élevé, etc …
Le raccordement entre les situations des retraités et leur rapport à la pauvreté est délicat à établir. En effet, le taux de pauvreté est établi par Unité de Consommation (UC), donc par ménage avec une pondération selon une échelle d’équivalence(Oxford rectifié).

Les documents publiés par l’INSEE, sans entrer dans un débat de fond sur ce qu’il convient de prendre en compte dans ces ressources (ressources issues du patrimoine, loyers imputés ou non) font apparaître que le niveau de vie moyen des retraités est très proche de celui des actifs (valeur €2007) : 21540 contre 22470 euros pour les actifs de 18 ans ou plus.
Si l’on regarde le niveau de vie à partir de la médiane (50% des revenus sont au dessous et 50% au dessous), hors revenus du patrimoine, le rapport des niveaux de vie entre retraités et actifs est inchangé.
Avec les revenus du patrimoine, la situation des retraités relativement aux actifs est moins favorable.
Quoi qu’il en soit, il existe de fortes inégalités entre les retraités comme entre les actifs.

Le taux de pauvreté (à 60% de la médiane des revenus) des personnes âgées ressort à 9.7% (valeur 2007), contre 9.8% pour les actifs(valeur 2006) et 13.4% pour l’ensemble de la population (valeur 2007).
Une analyse par décile de revenus montre que le niveau de vie du 1° décile des revenus des personnes âgées évolue régulièrement à la hausse, ce qui fait diminuer d’autant le nombre de ressortissants du « minimum vieillesse ». Pour autant la situation est-elle stabilisée et satisfaisante?


2-     Une différence Hommes/ Femmes qui s’atténue

Après avoir positionné la question des ressources des personnes âgées, regardons plus spécialement ce qui concerne les inégalités entre Hommes et Femmes.

Si l’évolution des pensions perçues par les femmes évolue très favorablement depuis de nombreuses années, il n’en reste pas moins que le poids des modèles sociaux et familiaux reste très fort (modèle de l’homme au travail et de la femme au foyer). On peut donc souhaiter agir sur les mécanismes de calcul des pensions pour réduire l’impact de situations vécues par les femmes, mais cela ne doit pas oblitérer  les enjeux de société plus globaux.

Les inégalités de revenus entre hommes et femmes subsistent, du fait des emplois moins qualifiés, des types de contrats, des niveaux de rémunérations, des discriminations à l’embauche, des « plafonds de verre », toutes choses déjà bien analysées. Le récent choix de partager les annuités attribuées aux femmes de deux années pour chaque naissance entre la mère (un an de droit) et le père (un an possible) peut aussi  apparaître comme un vecteur de réduction de la pension des femmes, indépendamment des conséquences indirectes ou directes liées à la naissance d’enfants.





Extrait de la Commission des comptes de la Sécurité Sociale 2009


3-Les retraités et le « minimum contributif »

Le « minimum contributif » permet aux personnes retraitées, ayant une retraite au taux plein, mais ayant cotisé sur la base de salaires modestes (SMIC) de voir leur retraite majorée jusqu’à ce « minimum ». Celui-ci est fixé au 1° avril 2009 à 590.33 €.
Une majoration modeste est accordée depuis la loi de 2003. Mais depuis 2009, cette majoration n’est accordé que si le/la retraité(e)  a cotisé 120 trimestres (ou 30 ans) et se monte à 54.74 euros par mois. Au total le minimum contributif majoré est établi à 645.07€.

Ce dispositif prend une place très importante dans l’ensemble du système de retraite.
En effet, sous l’angle du genre, 70% des pensions versées à des femmes incluent ce minimum contributif et pour 50% des femmes ayant des droits propres, le complément est assuré par le MICO (MInimum COntributif).
Comme le minimum contributif est défini comme un différentiel, seuls 10% des retraités ont le MICO entier.
Enfin, notons que 50% des bénéficiaires du MICO ont une durée d’assurance inférieure à la durée requise pour le taux plein (120 trimestres).


La condition de durée de 120 trimestres pour bénéficier de la majoration du minimum contributif n’est couverte que pour 40% des femmes et 60% des hommes : l’inégalité est ainsi renforcée.


4      - Le minimum vieillesse – Allocation de Solidarité aux Personnes Agées

Point n’est besoin de rappeler ce qu’est le minimum Vieillesse et ses évolutions. Nous concentrons notre réflexion sur le rapport entre ce minimum et le seuil de pauvreté pour les personnes isolées ou les retraités en couple.

A l’évidence, le décrochage est réel. Le rattrapage mis en place par le Gouvernement de +25% en 5 ans pour les personnes isolées, va dans le bon sens. Mais quid des ménages pour qui aucun rattrapage n’est envisagé.

Le lien avec le « seuil de pauvreté » est un point fondamental. En effet, dans l’Union Européenne, le consensus s’est établi pour déclarer que le seuil de pauvreté s’établit à 60% de la médiane des ressources d’un foyer, conduisant à considérer que l’on est « pauvre » dans une société au regard de la richesse générale de cette société, dont on partage les modes de vie.
5-Quelles attentes ?
a.      Pour l’ASPA
b.      Pour le minimum contributif
Pour l’ASPA :
-        maintenir un dispositif de type ASPA pour satisfaire aux principes constitutionnels dont celui qui dit « alinéa 11 de la Constitution de 1946 : « Tout être humain, qui, en raison de son âge (…) se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence »
-        rattrapage avec le « seuil de pauvreté » pour les personnes isolées comme pour les couples
-        comparaison et réflexion avec ce qu’est un revenu « décent » et adéquat, sur la base du consensus (expérience de le John Rowntree Foundation)
-        liens avec les tarifs sociaux
-        accès aux soins avec une articulation cohérente avec les seuils CMU notamment.

Pour le Minimum contributif :
-        réflexion sur le niveau de vie décente
-        suppression de la règle des 120 trimestres pour obtenir la majoration
-        lien entre le minimum contributif et le seuil de pauvreté

Plus largement :
                  Les évolutions de notre société sont à prendre en compte : carrières interrompues ou saccadées, amenuisement des liens conjugaux, familles monoparentales, développement du PACS. De même, l’allongement de l’espérance de vie conduit de plus en plus de familles à devenir des « aidants », rôle assurée essentiellement par les femmes, ce qui contribue en sus à la réduction de leurs carrières professionnelles. Des aménagements ont été apportés pour les périodes de fin de vie des parents quand on souhaite rester proche d’eux.
                  Dans l’hypothèse d’un remaniement substantiel du système, à l’image du dispositif du RSA, on pourrait envisager que l’on ait une articulation entre une pension minimale (comme le RSA socle) combinant l’actuel minimum contributif ou le minimum vieillesse et une pension calculée selon des paramètres établis. Une majoration pour les personnes ayant travaillé et cotisé serait alors comprise. De même on aurait ainsi un complément de retraite (un différentiel) en cas de montant inférieur à cette valeur socle.

Lutter contre les inégalités hommes femmes, travailler sur la répartition des rôles hommes/femmes dans la société et la vie familiale, comme dans la vie professionnelle.


13/01/2010

1° Convention (UE 2020) à Cracovie (Présidence de la Pologne) Atelier Personnes Agées (Oct 2011)


Commission and AGE Draft

The first Annual Convention of the European Platform against Poverty and Social Exclusion

17-18 October 2011, Krakow

Workshops & Suggestions for future actions


General introduction
As part of the Europe 2020 Strategy, the EU has a set of headline targets including one for poverty reduction over the next decade. It would be difficult to reach the overall poverty target without an in-depth analysis of the poverty risk among older people. The successful reduction of poverty among older people is not only directly correlated with employment during working lives, but also depends to a high degree on the adequacy of pensions and minimum old age-age schemes and access to and affordability of services during retirement.

Moreover, the analysis of measures to prevent old-age poverty should not be limited to the capacity of social protection schemes to cover replacement of working age income. The aim must be to take into account the fact that adequacy of income and social services apply for a longer period of life as a pensioner, sometimes more than 40 years is spent in retirement. It is also important to look at the overall well-being which depends on access to community services and avoiding isolation.

Key messages:
  • Because EU countries differ so considerably in terms of poverty risks among older people, it is crucial to use different methods of poverty measurement which can help to capture different facets of poverty and social exclusion among older people at the national and local level.

  • Whilst both older women and men suffer from inequalities in terms of social protection, women are additionally affected by their fertility history, as well as by informal caring responsibilities which restrict their access to good quality employment.

  • Adequacy of pensions has to remain the key objective of further social protection reforms to guarantee a decent life throughout retirement i.e. many of those who retired with an adequate pension then slip gradually into poverty as a result of lack of adequate pension indexation.

  • The European Platform against Poverty and Social Exclusion should support the European Year 2012 and use it as a momentum to strengthen the national social inclusion strategies and help create an age-friendly environment across EU.

Concrete suggestions for future actions:

  • Measuring poverty:
    • Need to define and develop measures of adequate standards of living - particularly by using national budget standards.
    • Monetary poverty indicators should be supplemented with non-financial wider measures of social exclusion, such as access to quality health and long-term care, decent housing, transport, long-life learning, social or civic participation, etc.
    • Better evidence towards poverty of the most vulnerable groups such as migrant older people, Roma people in particular.

  • Labour market:
    • Improve employers’ attitudes in hiring and retaining older workers, provide training opportunities and appropriate age management in work.
    • Provide compensation for family care duties in accumulating pension rights.
    • Develop an index on active ageing measuring the evolution in people’s needs and aspirations and working capacities (in market and non-market activities) as they age

  • Pension systems:
    • Public pensions should be targeted towards poverty prevention among older people and social safety net provided with due regard for dignity and avoiding stigma.
    • In times of austerity the minimum income provisions need appropriate indexing to maintain purchasing power in line with society’s progress and to prevent poverty trap as a result of the erosion of their income over time.
    • Provision of sufficient contribution credits in career disruptions due to care responsibilities, bared mainly by women, without negatively affecting the incentives to return to formal work.

  • Social inclusion:
    • Individual well-being and quality of life in old age should be strengthened through universal access to essential services i.e. based on quality standards for health provisions and long-term care Fight against isolation and loneliness among older people through social integration measures in communities should be among priorities for social inclusion strategies
    • Housing, urban planning, technology and mobility plans are also essential when promoting social inclusion of an ageing population

For more information, please see:
www.age-platform.eu (in particular the section on social inclusion)

Contact:
Maciej Kucharczyk (email: maciej.kucharczyk@age-platform.eu)
Jean-Pierre Bultez (email: jeanpierre.bultez@gmail.com)
Asghar Zaidi (email: zaidi@euro.centre.org )

Agora des citoyens : crises et pauvretés (janv 2011)


Agora des citoyens : crises et pauvretés

Le Parlement Européen, en coordination avec Le Comité des Régions et le CESE organisait les 27 et 28 janvier à Bruxelles une rencontre avec des citoyens et des ONGs (Age, EAPN, ATD Quart Monde, Women’s lobby …) sur le thème de la crise et ses conséquences sur la pauvreté dans les Etats de l’UE. Environ 300 personnes étaient présentes, peu de parlementaires, sauf en tribune !, trois groupes de travail :

Le premier atelier traitait des nouvelles formes de pauvreté nées de la crise financière et économique. Il était notamment recommandé dans les conclusions :
. Une coordination entre tous les échelons (de l’UE au plan local) pour veiller aux politiques sociales et à l’impact des mesures d’austérité.
. Un accès aux services sociaux, aux services bancaires de base, aux soins de santé.
. L’introduction d’un revenu minimum dans les Etats          
. Le suivi par la MOC des évolutions dans les Etats
. L’affectation de budgets de recherche pour des travaux statistiques permettant de mieux saisir les différentes formes de pauvreté.

Le second atelier traitait de l’impact de la crise sur les flux migratoires et appelait le Parlement UE à :
. Veiller à l’application par les Etats du cadre législatif (de la Convention de Genève à la mise en œuvre des directives protégeant les migrants)
            . Assurer le respect des conditions d’emploi et d’accès aux droits pour les migrants

Le troisième atelier traitait plus en détail des catégories vulnérables, jeunes, femmes, personnes âgées et mettait en évidence :
. L’importance du système éducatif et de la formation pour permettre d’accéder au marché du travail et de s’y maintenir en compétences.
            . L’accès aux soins de santé
            . L’éradication des discriminations liées au sexe ou l’âge dans les entreprises
            . La mise en place de mesures ciblées, adaptées pour sortir de l’exclusion
            . Revoir les modalités d’attribution du fonds de solidarité européen.

En parallèle, se tenait une « Conférence du consensus », dirigée par Jérôme Vignon, avec une vingtaine de personnes âgées de 15 pays de l’UE, sur deux thèmes : la fracture culturelle, la fracture numérique. Les recommandations invitaient au maintien du lien social, évitant aux plus démunis des formes additionnelles d’exclusion.

Plusieurs idées/recommandations importantes ont été dégagées :
            . L’évolution économique et sociologique accroît les cas de pauvreté chez les jeunes, les familles monoparentales, les personnes âgées, les chômeurs, les migrants …
            . La lutte contre l’illettrisme, un revenu minimum dans les Etats, un accès aux soins de santé, une collaboration entre générations sont des ingrédients indispensables pour endiguer l’extension de la pauvreté dans l’UE.

Les Parlementaires Européens, le Comité des Régions, le CESE ont été invités à travailler avec les organisations de terrain pour mieux identifier besoins et solutions.

Ateliers préparés :

Représentants AGE : Michel Riquier, Jean-Pierre Bultez, Maciej Kutcharczik et deux personnes de Pologne (Mali Bracia Ubogich) 7/02/11