vendredi 30 décembre 2011

LOGER ou Heberger les pauvres: un défi (nov 2011)


A l ‘approche de la période hivernale, les interrogations s’accroissent. Outre la réduction drastique des budgets des associations d’héberge- ment au nom du « Logement d’abord », que le Ministre en charge du dossier persiste à considérer comme étant la meilleure solution, l’inquié- tude se profile sur l’avenir des logements sociaux. La loi SRU qui fixait le seuil de 20% affectés aux logements sociaux dans les villes, partout en France est remise en cause au motif que ce seuil n’aurait pas de sens selon les territoires. Il faudrait modifier ce seuil selon les départements voire les zones d’habitation, si la tension sur le marché immobilier le nécessite. Le Congrès des HLM en débat et s’il constate que 60% des villes ont atteint leurs quotas, il n’en reste pas moins que 40% ne l’ont pas satisfait. Il ne saurait être question de réduire cet objectif qui reste prioritaire au regard des besoins.
La seule réponse à long terme consiste à améliorer la capacité des villes et opérateurs immobiliers du champ social à construire de véritables logements très sociaux et à accroitre dans les programmes immobiliers la proportion de logements sociaux, ce que les conférences de peu- plement demandent clairement maintenant.
Les revenus des personnes que nous accompagnons sont pourtant bien faibles. Il y a celles qui sont au RSA Socle (environ 400 euros), celles qui ont une très petite pension vieillesse (environ 600 euros), les personnes vivant avec l’Allocation Adulte Handicapé (entre 700 et 800 euros). Seules 3 situations sur les 45 observées et reçues en 2011 par notre structure ont une pension supérieure à 1000 euros. Comment se loger avec de si faibles ressources. Le secteur privé est hors d’atteinte et dépasse souvent 500 euros pour un studio, ce qui avec une allocation logement de 150 euros laisse à charge 350 euros pour le loyer seul.
Parmi les propositions faites récemment par Monsieur DAUBRESSE (Député) pour les bénéficiaires du RSA de travailler une journée par semaine leur donnerait environ 120 euros net de plus par mois. A l’évidence, ces ajouts sont somme toute assez modestes et aucune anticipation sur les pertes d’avantages annexes éventuels n’a été prévue. Qui plus est, si un tiers des personnes reçues sont bénéficiaires du RSA Socle, leur tranche d’âge se situe entre 50 et 65 ans et elles ont, bien souvent, vécu des parcours de galère. Le passage de 65 à 67 ans pour bénéficier du « Minimum Vieillesse » n’arrange pas les choses, car il faudra attendre plus longtemps pour en bénéficier.
Les mesures d’austérité frappent ces personnes isolées et bien peu soutenues. Les dispositifs destinés aux plus faibles dévient-ils de leurs objectifs ? L’enquête de UFC Que choisir exprime de réelles inquiétudes de voir des personnes âgées se « démutualiser » du fait des aug- mentations annoncées, et donc d’avoir encore moins recours aux soins.
Face à ces réalités, beaucoup se sentent dépassés, baissent les bras. Dernièrement, une personne accompagnée me demandait comment faire pour s’en sortir, ne comprenant pas pourquoi elle réduisait ses consommations d’électricité et de chauffage alors que les « beaux buildings » de bureaux restaient allumés très tard le soir, voir toute la nuit. Que lui dire ?
Nota Bene : une récente étude irlandaise nous apprend que 30% des irlandais âgés disent devoir choisir entre manger ou se chauffer (Eating or Heating !). 

Maintien à domicile : pour un "guichet unique" de soutien (dec 2011)

Maintien à domicile : pour un "guichet unique" de soutien (dec 2011)
Les questions posées par le vieillissement de la société commencent à émer-ger. Si la stratégie générale du maintien à domicile n’est contestée par personne, très vite le débat va se porter sur les modalités de l’action à mener.
D’abord, la distinction entre locataires et propriétaires conduit à s’interroger sur la pertinence des programmes de soutien à des adaptations DANS le logement face aux handicaps et dépendances. QUI est l’émetteur de la demande ? Quel accompagnement peut-il recevoir, dans un domaine multiforme et un peu complexe, et de la part de quelle ins- titution ?
Ensuite, si l’adaptation du logement fait consensus, faut-il l’étendre à son environnement, celui immédiat permettant son accessibilité, celui du quartier lui même. Car un logement adapté resterait comme une prison dorée, si le « sortir » du logement n’était pas intimement lié à la réflexion.
Peu à peu nous passons d’une question très localisée à une vision plus large, même si les études montrent que le périmètre de mouvement des personnes âgées dépasse rarement les 500 mètres.
Ensuite, les situations de pertes cognitives se développant, à moins d’enfermer les personnes, il faut admettre qu’elles peuvent « déambuler » dans le quartier, conduisant à une prise de conscience qu’elles doivent être recondui- tes à leur domicile si besoin. La technologie s’en mêle et les outils de géo localisation apparaissent d’un coup comme de véritables apports.
Au delà de l’approche individuelle, comment se saisit-on de ces questions au plan plus collectif ? Posons-nous quelques questions.
A l’image du plan « canicule » qui a réveillé les acteurs en faveur d’une mobilisation des entourages, ne faudrait-il pas faire un plan « diagnostic dépendance » auprès des mêmes personnes repérées (sur base volontaire) dans les
villes, qui mobilise des jeunes chaque été pour des contacts et autres soutiens. Car le plus dur est bien le repérage des situations, que les personnes âgées n’aiment pas dévoiler, par peur de « représailles » souvent.
Ensuite, les grandes institutions de soutien (ANAH, Conseil Général) pourraient mandater un corps d’experts agréés pour évaluer les travaux indispensables et gérer eux-mêmes les dossiers de financements. Car reconnaissons que demander à des personnes très âgées et isolées (sans famille, ni voisinage) de mener seules ces procédures relève de la gageure.
Pour toutes les personnes à domicile, au delà de 80 ans, ce serait une belle « sécurité » que de voir ainsi l’adaptation de son logement devenir comme une priorité municipale ou régionale. Notre rôle d’accompagnement, de signalement, de soutien à de tels changements y aurait aussi toute sa place.