L’impact de la « crise » sur les personnes
âgées
Intervention de Jean-Pierre Bultez (Vice Président AGE
)
19 juin 2012 au Comité des Régions
Quelques mots de
présentation : j’habite à Lille (France), engagé dans une association, les
petits frères des Pauvres qui a été crée en 1946, j’ai 7 enfants et mon père a
91 ans.
Les constats sont
établis : une vie plus longue
dans la société, mais avec de dépendances qui apparaissent, des ressources
quasi inchangées pour les retraités (avec une érosion malgré tout du fait des
indexations), la présence fréquente de 4 voire 5 générations, conduisant les
générations "pivot" à prendre en charge leurs parents et aussi leurs enfants et
petits enfants, les systèmes de retraite qui allongent les périodes de travail
pour vivre une durée de retraite constante mais conduisent les citoyens à
organiser eux mêmes leurs ressources (avec un 3° pilier d’épargne
individuelle).
Les enjeux sont
connus pour garder une vie
décente, mais déjà constatons que les arbitrages sont quotidiens pour les
personnes à faibles revenus :
- choix de consommateurs (alimentation médiocre, chauffage
réduit, éclairage réduit également, endettement grandissant, multiplié par deux
depuis 10 ans chez les personnes âgées)
- choix de comportements pour les soins (le reste à charge
devient trop grand, car les mutuelles sont top chères), les déplacements et la
mobilité en baisse sauf si vous êtes exonérés d’impôt (auquel cas les communes
vous permettent des voyages quai gratuits), l’achat de billets de train aux
moments les plus avantageux.
- choix familiaux, comme ne voir ses enfants que 2 fois par
an, quand la distance oblige à calculer le moindre coût.
Tout cela dans un
vieillissement où l’on reste seul (seule), menacé par l’isolement ou la
solitude.
Nous sommes donc à un moment
où l’on vit à la fois des enjeux de vieillissement (avec des représentations
souvent négatives des personnes âgées) et un contexte de crise économique et
budgétaire que nos sociétés n’ont que rarement connue.
Il nous faut donc distinguer
ce qui relève :
- d’une aggravation de certains paramètres du vieillissement
liés aux politiques publiques d’austérité ou de réduction budgétaire, c’est
donc la logique des DROITS HUMAINS Fondamentaux.
- d’une urgence à revoir notre modèle de fonctionnement
social pour redonner à tous els acteurs u rôle et des perspectives nouvelles,
c’est la logique de l’ETHIQUE DU VIVRE ENSEMBLE.
1 - L’aggravation des phénomènes à
l’œuvre, comme :
- les inégalités de ressources, que ce soit via les systèmes
de retraite, les minima sociaux. Même si l’on prend sa retraite tardivement,
les montants de la retraite n’augmentent guère.
- le phénomène d’appauvrissement notamment des femmes âgées.
Les solutions sont connues malgré tout :
- sur le long terme : les politiques de
l’emploi non discriminantes (hommes femmes), la qualité de l’emploi durable,
l’évolution des rôles sociaux entre hommes et femmes pour un meilleur partage
des tâches comme des opportunités
- sur le moyen terme : revoir dans les
systèmes de retraite les formes et modes de compensation des rôles tenus par
les femmes (maternité/nombre de trimestres par enfant, suivi scolaires, …),
modifier l’indexation des pensions pour le 1) et 2° pilier, afin de ne
pas renvoyer le citoyen vers des formes d’épargne individuelle du 3°pilier,
établir un lien entre les montants de retraite minimum et le panier de biens
essentiels et le revenu minimum adéquat aux âges de la vie.
2 – Va-t-on vers une
« exclusion » de certains publics âgés et par là vers une
moindre cohésion sociale?
OUI, sauf à réviser
sérieusement :
-
l’accès à des services publics (santé et soins de longue durée, logements
adaptés, transports) : les restes à charge devraient être réduits, l’accès
facilité à des équipements indispensables (lunettes par exemple), la
possibilité d’accéder à un logement social, les dispositifs de veille comme
celui de la période d’éventuelle canicule, les transports adaptés pour des
personnes à mobilité réduite.
- la solidarité entre les générations n’est pas
soutenue :
-
les aidants familiaux sont vite épuisés et des politiques de soutien
(financier, psychologique, de répit) deviennent nécessaires,
- les seniors qui soutiennent les jeunes dans leur
accès à l’emploi ou dans l’entreprise (le contrat « générations » par
exemple)
- la participation sociale (activités culturelles,
loisirs, clubs, relations intergénérationnelles)
-
la solidarité de proximité, qui s’ajoutant aux soins professionnels,
permet à des voisins, des entourages, de restaurer le lien social, avec d’éventuels
soutiens par les nouvelles technologies. Si le maintien à domicile est bien
une politique publique de grande
envergure, il convient de la relier à toutes les parties prenantes, car c’est
bien de qualité de la vie qu’il s’agit.
Pour conclure :
Notre vieillissement est à la
fois individuel et collectif.
Le travail de prévention à engager nous conduit à :
Le travail de prévention à engager nous conduit à :
-
aider les citoyens comme les décideurs politiques à prendre en compte la parole
des personnes âgées (qui sont bien un potentiel pour la société),
-
garder actifs les systèmes de solidarité (et non des systèmes du chacun pour
soi),
-
à « penser » son vieillissement comme un acte vital pour le bien de
la société.
Voilà
un beau programme de mobilisation pour cette année 2012, une occasion de valoriser
ce mot de « care ».
Jeanpierre.bultez@gmail.com