lundi 26 novembre 2012

L'année européenne 2012 et son impact Intervention séminaire Caritas 19 Novembre 2012


Séminaire « Face à la pauvreté, quel bien-être pour les enfants et leurs familles
et quelle solidarité entre générations ? »
19 Novembre 2012 Paris
Intervention de Jean Pierre BULTEZ
pour le Collectif Inter associatif Année 2012

L’Année européenne 2012 de l’Union européenne a pris pour thème : Le vieillissement actif et la solidarité intergénérationnelle. Pourquoi ce thème, choisi par les Chefs d’Etats et de Gouvernements, consolidé par le Parlement européen et les instances européennes ?
OUI, la société est vieillissante en Europe et va voir la part des personnes de plus de 65 ans s’accroitre significativement jusque vers 2050, tout autant que l’âge moyen de ses habitants. OUI, la part des jeunes dans la société européenne va baisser.
OUI, le taux de dépendance entre actifs et inactifs (retraités) va décroitre de 4 à 2.

Dans le même temps, l’Europe va vivre une nouvelle dynamique des générations, avec 4 voire 5 générations co-existantes, avec des liens diversifiés entre elles. Elle va voir la grand-parentalité, autrefois limitée à 2 voire 3 générations, se confronter à des relations entre 4 niveaux générationnels. Tout cela au sein d’un changement de configurations familiales, passant de la famille issu d’un couple à celle voyant se succéder plusieurs unions.

Les enjeux sont connus :

Celui du Vieillissement Actif consiste à vivre plus longtemps, mais dans un système de reconnaissance sociale à revisiter : l’emploi tout en étant retraité, le bénévolat et le tutorat, le parrainage, … se repréciseront en sus de celle vécue au sein de la famille. Mais le vivre plus longtemps sera-t-il celui du « vivre plus longtemps en bonne santé » et j’ajouterai sans souffrir de solitude ? Le fait d’avoir eu en 2011 une année européenne du Bénévolat/Volontariat a permis de mieux identifier les forces apportées dans la société par les citoyens. Pour un vieillissement actif, l’Union Européenne a posé un objectif d’allonger la vie en bonne santé de deux ans dans les 10 ans à venir.

Celui de la solidarité intergénérationnelle s’adresse aux relations à nouer entre les générations : plus de soutiens financiers, des transmissions renouvelées au regard des technologies de commuication, d’échanges de savoirs, de réciprocité en vue d’une meilleure cohésion sociale, d’une lutte contre toutes les formes de marginalisations.

Comment réconcilier les âges et les générations ? Si, dans les familles, les générations se parlent (ce qu’il faut encourager et soutenir), en est-il de même dans la société ? N’assiste-t-on pas comme à une guerre des âges ?
Partons des enfants pauvres.
Le nombre d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté en France est proche de 20%, mais de 10% pour le Danemark. Chiffre encore plus élevé quant il s’agit d’enfants de familles immigrées ! Les générations suivantes, engendrées par ces enfants devenus adultes seront-elles pauvres (encore !) ou la société aura-t-elle lever les freins à leur épanouissement ? L’Année européenne 2010 de la lutte contre la pauvreté, à laquelle le réseau CARITAS a apporté toute sa contribution, a donné des lignes directrices solides pour définir de nouveaux progrès. L’Union Européenne s’est d’ailleurs donnée l’objectif de réduire la pauvreté d’ici 2020 (de 20 millions de personnes sur 115 millions).

Parlons donc des opportunités en matière éducative et scolaire (comment réduire réellement le taux d’échecs scolaires ?), en santé et prévention, en conditions de vie (habitat décent, alimentation), en réseaux relationnels, en développement personnel. Toutes ces opportunités constitueront autant de levée de freins aux exploitations, aux discriminations, aux marginalisations. Il faut pour cela des politiques publiques solides.
Qu’a donc permis cette Année Européenne 2012 ?
Au sein du Collectif Inter Associatif, les relations intergénérationnelles sont apparues être au cœur des processus favorisant la cohésion sociale (déjà au sein des familles, mais aussi au sein de la société):

-      que ce soit dans l’habitat intergénérationnel ( de nombreuses expériences ont pu échanger et mettre en avant les bienfaits de cette cohabitation) ou l’équilibre des âges dans les programmes immobiliers et de « peuplement » territorial,
-      dans les formes participatives mélangeant tous les âges associant les « usagers » des politiques publiques à leur construction, et leur évaluation,
-      dans le « vivre ensemble » associatif (notons le passage depuis plus de 20 ans, du « Faire pour » à un « Faire AVEC » et maintenant à un « FAIRE ENSEMBLE »), en cherchant à dépasser l’action ponctuelle, pour la rendre plus « durable » (exemple d’une classe d’enfants visitant les résidents d’une maison de retraite, pour ensuite vivre un véritable parrainage).
-      mais aussi en s’interrogeant sur l’organisation des associations quant à l’équilibre des âges en leur sein (tant pour les bénévoles d’action que pour les membres des Conseils d’administration).
-      Enfin, des associations proposent à tous les types d’acteurs « un nouveau pacte intergénérationnel ». Vous aurez l’occasion lors de vos travaux de soutenir et valoriser ce ‘pacte’ et peut-être dans vos pays de le promouvoir.

Mais cette Année 2012 a permis de construire une partie plus concrète, au plan européen de cet axe de la stratégie UE 2020 qu’est « le Partenariat d’innovation pour un Vieillissement Actif et en bonne santé ». A cet effet, un projet d’une Convention européenne des autorités locales (à commencer par les Maires) et nationales pour construire des environnements adaptés et ouverts à tous les âges trouve ses soutiens institutionnels et citoyens (de tous âges). Il s’agit de favoriser les adaptations de nos environnements urbains comme ruraux en matière de transports, d’accessibilité, de logements adaptés, de loisirs pour tous, …en s’inspirant du programme de l’OMS (Organisation Mondiale de la santé) créé autour des « Villes amies des ainés ». Souhaitons que les Etats valident ce programme en 2013. Sachons les convaincre !

La lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, les exploitations et maltraitances passent désormais aussi par une nouvelle vision du « Vivre ENSEMBLE ». Il ne s’agit pas de supprimer l’approche par le DROIT et par l’Etat de droit. Mais de l’enrichir par le respect des personnes et un « vivre ensemble ». Le citoyen, du plus jeune au plus âgé, a son mot à dire dans le champ public. L’année européenne 2013 de la citoyenneté permettra d’y contribuer.

Si la diversité et le respect des origines (ethniques, sociales, …) ont souvent été mis en avant dans la construction des politiques publiques, le temps est venu d’y adjoindre l’approche intergénérationnelle recherchée en tant que telle. Elle contribuera à l’épanouissement de chaque personne et à la cohésion sociale. Les relations et « vécu » collectifs sont des temps d’épanouissement en commun, qu’il faut faire vivre, nourrir, soutenir.

Voilà donc l’enjeu commun, que chacun peut cultiver dans son cercle relationnel de proximité, de travail, d’engagement personnel.

Que vos travaux construisent cette solidarité entre les âges et les générations et soient ferments d’un renouveau entre les âges, pour les décennies à venir.
Tous nous apprenons les uns des autres, Tous nous avons besoin les uns des autres.

les petits frères des Pauvres - Vice Président AGE Platform Europe