Séminaire « Face à la pauvreté, quel bien-être
pour les enfants et leurs familles
et quelle solidarité entre générations ? »
19 Novembre 2012 Paris
Intervention de Jean Pierre BULTEZ
pour le Collectif Inter associatif Année 2012
L’Année européenne
2012 de l’Union européenne a pris pour
thème : Le vieillissement actif et la solidarité intergénérationnelle. Pourquoi ce
thème, choisi par les Chefs d’Etats et de Gouvernements, consolidé par le
Parlement européen et les instances européennes ?
OUI, la société est vieillissante en Europe et va voir la part des
personnes de plus de 65 ans s’accroitre significativement jusque vers 2050,
tout autant que l’âge moyen de ses habitants. OUI, la part des jeunes dans la
société européenne va baisser.
OUI, le taux de dépendance entre actifs et inactifs (retraités) va
décroitre de 4 à 2.
Dans le même temps, l’Europe va vivre une nouvelle dynamique des générations, avec 4 voire 5 générations
co-existantes, avec des liens diversifiés entre elles. Elle va voir la grand-parentalité, autrefois limitée
à 2 voire 3 générations, se confronter à des relations entre 4 niveaux
générationnels. Tout cela au sein d’un changement de configurations familiales,
passant de la famille issu d’un couple à celle voyant se succéder plusieurs
unions.
Les enjeux sont connus :
Celui du
Vieillissement Actif consiste à vivre plus longtemps, mais dans un système de
reconnaissance sociale à revisiter : l’emploi tout en étant retraité, le bénévolat
et le tutorat, le parrainage, … se repréciseront en sus de celle vécue au sein
de la famille. Mais le vivre plus longtemps sera-t-il celui du « vivre
plus longtemps en bonne santé » et j’ajouterai sans souffrir de solitude ?
Le fait d’avoir eu en 2011 une année
européenne du Bénévolat/Volontariat a permis de mieux identifier les forces
apportées dans la société par les citoyens. Pour un vieillissement actif,
l’Union Européenne a posé un objectif d’allonger la vie en bonne santé de deux
ans dans les 10 ans à venir.
Celui de la
solidarité intergénérationnelle s’adresse aux relations à nouer entre les
générations : plus de soutiens financiers, des transmissions renouvelées
au regard des technologies de commuication, d’échanges de savoirs, de
réciprocité en vue d’une meilleure cohésion sociale, d’une lutte contre toutes
les formes de marginalisations.
Comment
réconcilier les âges et les générations ? Si, dans les
familles, les générations se parlent (ce qu’il faut encourager et soutenir), en
est-il de même dans la société ? N’assiste-t-on pas comme à une guerre des
âges ?
Partons des
enfants pauvres.
Le nombre d’enfants vivant sous le seuil de pauvreté en France est
proche de 20%, mais de 10% pour le Danemark. Chiffre encore plus élevé quant il
s’agit d’enfants de familles immigrées ! Les générations suivantes,
engendrées par ces enfants devenus adultes seront-elles pauvres (encore !)
ou la société aura-t-elle lever les freins à leur épanouissement ? L’Année
européenne 2010 de la lutte contre la pauvreté, à laquelle le réseau CARITAS a
apporté toute sa contribution, a donné des lignes directrices solides pour définir
de nouveaux progrès. L’Union Européenne s’est d’ailleurs donnée l’objectif de
réduire la pauvreté d’ici 2020 (de 20 millions de personnes sur 115 millions).
Parlons donc des
opportunités en matière éducative et scolaire (comment réduire
réellement le taux d’échecs scolaires ?), en santé et prévention, en
conditions de vie (habitat décent, alimentation), en réseaux relationnels, en
développement personnel. Toutes ces opportunités
constitueront autant de levée de freins aux exploitations, aux
discriminations, aux marginalisations. Il faut pour cela des politiques
publiques solides.
Qu’a donc permis
cette Année Européenne 2012 ?
Au sein du Collectif Inter Associatif, les relations
intergénérationnelles sont apparues être au cœur des processus favorisant la cohésion sociale (déjà au sein des
familles, mais aussi au sein de la société):
-
que ce soit dans l’habitat
intergénérationnel ( de nombreuses expériences ont pu échanger et mettre en
avant les bienfaits de cette cohabitation) ou l’équilibre des âges dans les
programmes immobiliers et de « peuplement » territorial,
-
dans les formes participatives
mélangeant tous les âges associant les « usagers » des politiques
publiques à leur construction, et leur évaluation,
-
dans le « vivre
ensemble » associatif (notons le passage depuis plus de 20 ans, du
« Faire pour » à un « Faire AVEC » et maintenant à un
« FAIRE ENSEMBLE »), en cherchant à dépasser l’action ponctuelle,
pour la rendre plus « durable » (exemple d’une classe d’enfants
visitant les résidents d’une maison de retraite, pour ensuite vivre un
véritable parrainage).
-
mais aussi en s’interrogeant
sur l’organisation des associations quant à l’équilibre des âges en leur sein (tant
pour les bénévoles d’action que pour les membres des Conseils d’administration).
-
Enfin, des
associations proposent à tous les types d’acteurs « un nouveau
pacte intergénérationnel ». Vous aurez l’occasion lors de vos travaux de soutenir
et valoriser ce ‘pacte’ et peut-être dans vos pays de le promouvoir.
Mais cette Année 2012 a permis de construire une partie plus
concrète, au plan européen de cet axe de la stratégie UE 2020 qu’est « le Partenariat d’innovation pour un
Vieillissement Actif et en bonne santé ». A cet effet, un projet d’une Convention européenne des
autorités locales (à commencer par les Maires) et nationales pour construire des environnements adaptés et ouverts à
tous les âges trouve ses soutiens institutionnels et citoyens (de tous
âges). Il s’agit de favoriser les adaptations de nos environnements urbains
comme ruraux en matière de transports, d’accessibilité, de logements adaptés,
de loisirs pour tous, …en s’inspirant du programme de l’OMS (Organisation
Mondiale de la santé) créé autour des « Villes amies des ainés ».
Souhaitons que les Etats valident ce programme en 2013. Sachons les
convaincre !
La lutte contre la pauvreté, l’exclusion sociale, les exploitations
et maltraitances passent désormais aussi par une nouvelle vision du « Vivre ENSEMBLE ». Il ne s’agit
pas de supprimer l’approche par le DROIT et par l’Etat de droit. Mais de
l’enrichir par le respect des personnes et un « vivre ensemble ». Le
citoyen, du plus jeune au plus âgé, a son mot à dire dans le champ public. L’année
européenne 2013 de la citoyenneté permettra d’y contribuer.
Si la diversité et le respect des origines (ethniques, sociales, …)
ont souvent été mis en avant dans la construction des politiques publiques, le temps est venu d’y adjoindre l’approche
intergénérationnelle recherchée en tant que telle. Elle contribuera à
l’épanouissement de chaque personne et à la cohésion sociale. Les relations et
« vécu » collectifs sont des temps d’épanouissement en commun, qu’il
faut faire vivre, nourrir, soutenir.
Voilà donc l’enjeu commun, que chacun
peut cultiver dans son cercle relationnel de proximité, de travail,
d’engagement personnel.
Que vos travaux construisent cette
solidarité entre les âges et les générations et soient ferments d’un renouveau
entre les âges, pour les décennies à venir.
Tous nous apprenons les uns des
autres, Tous nous avons besoin les uns des autres.
les petits frères des Pauvres - Vice Président AGE Platform Europe