Associations et
partenaires sociaux engagés ensemble
L’expérience
menée depuis plusieurs années sur le terrain du Nord Pas de Calais par
l’URIOPSS et les partenaires sociaux permet une analyse et des enseignements
pour organiser autrement l’avenir.
Reprenons l’enjeu : lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cela passe aujourd’hui par une doctrine claire, celle de l’accès pour tous aux droits humains fondamentaux, par la mobilisation de tous les acteurs (tous sans exception) et par de sérieuses méthodes d’évaluation. Sur tous ces points, les associations de lutte contre la pauvreté et les partenaires sociaux sont d’accord.
Reprenons l’enjeu : lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Cela passe aujourd’hui par une doctrine claire, celle de l’accès pour tous aux droits humains fondamentaux, par la mobilisation de tous les acteurs (tous sans exception) et par de sérieuses méthodes d’évaluation. Sur tous ces points, les associations de lutte contre la pauvreté et les partenaires sociaux sont d’accord.
Au
fil des années, ce qui n’était qu’une forme d’essai et de tentative
d’association des « usagers » s’est transformé en une véritable
politique sociale. Plus personne n’envisagerait de laisser les personnes
concernées sur le côté. La question reste de savoir jusqu’où l’on peut pousser
le curseur de « l’empowerment » des personnes vulnérables, souvent isolées
et fragiles, sans représentations et sans soutien. Des dispositifs sollicitent
les « usagers » (loi 2002-2 des CHRS), nouvelles dispositions pour le
dispositif d’hébergement et vers le logement à travers des comités participatifs,
« usagers » ou bénéficiaires attendus dans les équipes
pluridisciplinaires du RSA, voire dans les commissions territoriales et les
Conseils Départementaux pour l’Insertion. Tout est à faire pour rendre ces
processus participatifs réels et cohérents où chaque acteur garde sa place et
se sent contributif.
Les
politiques publiques se sont largement transformées et les financements sont
reconsidérés à l’aune des directives européennes comme des révisions
nationales. Faut-il crier « au loup » ou construire des voies
nouvelles ? Les deux peut-être !
Au
niveau de la région Nord Pas de Calais, le travail s’est réellement mis en
route avec le « grenelle de l’insertion » en 2008 et la tentative de
créer un forum participatif sur la question. Point d’orgue à Lens au stade
Bollaert avec 300 personnes.
Travailler
ensemble est une chose possible mais c’est la confiance qui se crée qui va
permettre de transformer le cadre et les acteurs. L’animation des évènements
construits ensemble se partage sans difficulté et donne « à voir »
nos engagements communs.
Puis
le RSA en 2009 et la nouvelle gouvernance mise en place par les départements
ont conduit à un positionnement plus actif en matière d’accès à l’emploi. Car
in fine, c’est bien d’accès à l’emploi qu’il s’agit si l’on veut réellement
construire des parcours d’insertion durable. Point d’orgue à Marcq en Baroeul
(59) en juin 2009 avec la présentation
des réussites d’insertion dans l’emploi où associations et partenaires sociaux
étaient solidairement engagés. L’expérience réalisé à Maubeuge alliant l’entrepreneur,
l’association d’insertion locale et le syndicat présent dans l’entreprise
s’avère une bonne « pratique » mise en oeuvre localement. La
présentation par un entrepreneur (affilié au MEDEF) de son action de soutien
aux salariés embauchés dans son entreprise de nettoyage industriel a été aussi
un temps de meilleure connaissance mutuelle, dépoussiérant les représentations
circulant sur les entrepreneurs.
En
perspective, les pactes territoriaux pour l’insertion du RSA constituent des
opportunités à saisir de synergies possibles entre associations et partenaires
sociaux, avec les entreprises au plan local.
La
question posée est de savoir si tout cela, mis en place depuis des années, a
réellement de l’impact ou en aura sur le réel et sur les acteurs.
La première étape franchie
a été celle du passage du partenariat à une alliance. Alliance par une
« Alerte » élaborée et construite ensemble avec une action commune.
Ainsi à Dunkerque la semaine de mobilisation sur le « travail
décent » a réuni en octobre 2010 des acteurs syndicaux et des
associations, ainsi que des personnes en insertion. Mais la question des
emplois aidés dans les associations est aussi sur la table, dans le sens où il
n’est pas tabou d’en parler et de réfléchir aux enjeux de ces postes. Les associations
n’ont pas forcément une claire vision des enjeux pour les personnes et pour
elles mêmes. Un dialogue et une réflexion commune sont indispensables à l’heure
où les formes d’emploi aidés vont plutôt s’accroitre à nouveau dans les années
à venir. Les expérimentations vécues par des associations sont à confronter et
à articuler avec les difficultés d’accès à l’emploi à leur sortie du monde
associatif. Les associations ont besoin des partenaires sociaux pour y voir
plus clair. L’arrivée de statuts nouveaux comme celui des jeunes en service
civique constitue aussi un moment à saisir pour mesurer les attentes et les
capacités de rebonds à l’issue de ces postes. La validation des acquis de
l’expérience (VAE) requiert des formes d’accompagnement qui peuvent conjuguer
les compétences de réseaux différents.
La deuxième étape en cours
de construction est celle du passage de l’alliance à l’action.
Les
réseaux associatifs, les réseaux syndicaux ont besoin de temps pour s’impliquer
et travailler ensemble si l’on veut construire dans la durée. Et cela doit
maintenant se réaliser au plan local. Il y a seulement quelques années, dire au
monde associatif de rencontrer le monde syndical pour « agir
ensemble » était impensable. Et pourtant, l’évidence est là que les forces
des uns et les compétences des autres construisent de nouveaux modes de pensée,
des soutiens plus efficaces pour et avec les personnes en insertion.
Ce
qui permet la passage de l’alliance à l’action, c’est aussi le repérage des nouveaux besoins et des situations de
nouvelles pauvretés. Dans le Nord Pas de Calais, la question des migrants
et des sans papiers reste cruciale. De même, celle des jeunes qui ne pourront
pas suivre des parcours dans le secteur de l’insertion par l’activité
économique, du fait des changements apportés par les financeurs. Les
« travailleurs pauvres », terminologie incroyable tant l’on croyait
que l’emploi préservait de la pauvreté, qui cumulent souvent des emplois
atypiques et mal rémunérés et qui fréquentent les associations caritatives pour
leurs factures d’énergie ou leurs paniers alimentaires, constituent un groupe
social en progression qui ne trouvera d’issue meilleure que par une nouvelle
mobilisation de tous les acteurs.
Prenons l’exemple du Guide réalisé par Alerte et les Partenaires sociaux concernant l’accès à l’emploi. Voilà un ouvrage très documenté et qu’il faut s’approprier ensemble pour en faire un véritable guide pour l’action. Nous avons donc déjà pris acte de ce travail et des formes de déclinaisons à construire. Les pactes territoriaux pour l’insertion seront le lieu privilégié d’intervention pour mettre en pratique les préconisations du Guide. Faire ce travail par territoire et le faire ensemble, cela deviendra l’un des points de la feuille de route 2011 du collectif Alerte. De là se mettront en place des animations conjointes de nos réseaux par territoire, en s’appuyant sur les « fora » de personnes en insertion du dispositif RSA ? Mais ne nous leurrons pas, et acceptons qu’il faille du temps aux acteurs locaux pour s’y impliquer.
Avec
ce guide de nouvelles questions sont en place, notamment en matière de
formations pour les publics les plus éloignés de l’emploi. Faut-il intervenir
auprès des Conseils Régionaux quant au Schéma régional des formations, aux
programmes de formation et de qualification par territoire, sur les dispositifs
OPCA (Organisme Paritaire Collecteur Agrée) par branche professionnelle ou
interprofessionnels qui recueillent les financements et les orientent, sur les
Conseils Economiques et Sociaux Régionaux (où se retrouvent Partenaires Sociaux
et représentants Associatifs) qui peuvent transversalement influer sur les
grandes orientations. C’est toute une mécanique qu’il faut appréhender
ensemble, au delà des territoires d’affectation historiques pour les
partenaires sociaux comme pour les associations. Les associations le demandent
et y sont prêtes.
Enfin,
l’enjeu global est devenu celui d’aller vers un nouveau pacte social.
Nous
avons quitté les rives de l’après guerre et de la période de croissance
continue des « trente glorieuses ». Notre aujourd’hui est fait d’incertitudes et d’alternances. Les
aller-retour entre l’emploi, la formation, l’inactivité deviennent parcours
courants, surtout si les qualifications de base ne sont pas acquises, et même
…D’où un éminent besoin d’accompagnement « dedans-dehors » que des
réseaux alliés peuvent réaliser. Comment construire des réseaux de soutien
efficaces, face aux parcours chaotiques tant sur le plan de l’emploi que celui
de l’insertion professionnelle et donc de la formation, celui de la santé, du
logement. Plus que jamais la question de l’accès aux droits fondamentaux, le
besoin de services sociaux de qualité sont au cœur des alliances et des
actions. Cette conviction est à faire grandir au plan local et territorial.
D’où des animations d’acteurs, avec des personnes en insertion à mener
conjointement. Le rôle de l’Etat change et au delà des péripéties de la réforme
des collectivités territoriales, c’est sur les territoires qu’il faut
s’engager. C’est un choix résolu qu’il faut faire, par une combinaison de
réseaux et des alliances appropriées.
L’alliance
qui relie les associations de lutte contre la pauvreté et les partenaires
sociaux devient stratégique. Elle doit se mesurer aux réalités et avancer vers
de réelles actions, pour et avec les personnes concernées par leur insertion.
Alliances,
Actions, Pacte Social, de nouveaux termes et projets pour demain.
Vice-Président
URIOPSS Nord Pas de Calais
Article publié dans UNION SOCIALE de l'UNIOPSS mars 2011
Article publié dans UNION SOCIALE de l'UNIOPSS mars 2011
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