Les minima sociaux
face au vieillissement des publics vulnérables et à faibles ressources
Après des années de réduction du taux de pauvreté des
personnes âgées, l’INSEE en publiant les chiffres de l’année 2010 nous apporte
des informations (les plus récentes eu égard au système de traitement
permettant cette élaboration) inquiétantes.
En effet, pour la première fois, le taux de pauvreté des
personnes âgées augmente et atteint plus de 10%, avec un revenu médian
inférieur à celui du revenu médian général. C’est dire que la noria des
nouveaux retraités ne contribue plus à relever le revenu médian des retraités (celui
qui sépare la population en deux parties égales), face au décès des plus
anciens retraités.
Il est encore trop tôt pour en tirer des enseignements de
longue portée mais cela ne peut qu’inquiéter malgré tout.
D’autant que l’analyse plus segmentée montre qu’au sein du
public retraité, ce sont les femmes qui sont les plus défavorisées (les causes
sont identifiées depuis longtemps, les travaux du COR y ayant largement
contribués) et plus spécifiquement les femmes de plus de 75 ans, héritière
d’une époque où le travail des femmes restait cantonné à des emplois de faible
qualité, peu rémunérateurs de surcroit, outre la répartition des rôles familiaux
en leur défaveur.
Le système de minima de pensions, d’allocation veuvage, de
minimum vieillesse (ASPA) en place n’apporte pas de solution satisfaisante. Même
si la revalorisation du minimum vieillesse de 25% pour les bénéficiaires isolés
durant les 5 années passées a constitué un sérieux « ballon
d’oxygène », force est de constater qu’avec 770 euros par mois (pour une personne seule),
cela ne correspondant plus au pouvoir d’achat indispensable pour vivre
dignement.
C’est pourquoi, à l’image d’autres pays européens, la France devrait s’engager dans un travail
de révision de ses minima sociaux liés au vieillissement, afin d’harmoniser
les minima en cause, leur montant et leur accessibilité. En effet, seule une
réflexion sur ce que veut dire « vivre dans la dignité » pour les
publics en retraite, n’ayant plus les capacités d’autres investissements
professionnels, permettrait une sorte de « remise des pendules à
l’heure ».
Outre les prestations monétaires, c’est l’accès aux services
(soins, soutiens, transports, mobilité, logements, etc …) qui doit leur être relié. Sinon,
l’environnement et les services peuvent n’être jamais accessibles. Pour les
publics les plus vulnérables, cette évaluation devient nécessaire, avec une
implication des autorités locales et régionales, car de nombreux niveaux de
réponses sont de leurs responsabilités (comme le transport).
L’ONPES (Observatoire National de la pauvreté et de l’exclusion sociale » vient d’engager un travail d’élaboration de « revenu minimum adéquat (formulation européenne) ou « budgets de référence » selon quelques configurations familiales. Cette démarche aurait grand profit à être suivie et soutenue par les pouvoirs publics, comme le CNLE (Conseil National de Lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale) l’a fait récemment.
Car il ne s’agit plus de simplement augmenter les
prestations minimales d’un certain pourcentage annuel, mais bien de réévaluer
le niveau, le système d’indexation, les conditions d’accès à ces minima sociaux
du vieillissement.
Jeanpierre.bultez@gmail.com
20/10/2012
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