dimanche 21 octobre 2012

2012 Baromètre UNCCAS Congrès de Marseille


Baromètre 2012 de l’action sociale locale UNCCAS/ La gazette Santé-Social
Table ronde Marseille 10 octobre 2012
Eléments d’intervention de Jean Pierre BULTEZ
1-    Des constats généraux :
a . Les CCAS révèlent  un contexte général de fortes demandes d’aide :
- les demandes s’accroissent depuis 4 ans, dans les CCAS comme dans tout le secteur socio-caritatif, traduisant un impact réel de la « crise » sur les populations.
- énergie et loyers pour des aides financières, services municipaux (notamment dans le monde rural)
- aide alimentaire (CCAS Ruraux) devenant une variable d’ajustement
- un comportement négatif à l’égard de la santé et des frais liés
- un besoin d’accompagnement individuel (budget, micro crédit)
            b. le public des personnes âgées  et retraités :
                       - ce sont des personnes à  petites retraites (moins de 1100 euros par mois)
- les aides attendues sont pour l’aide à domicile et le reste à charge, l’énergie, le logement, l’alimentation, les crédits
1° observation : les demandes d’aides financières concernent des biens essentiels et fondamentaux, avec une hiérarchie possible selon les ménages
- sous jacent : la question se porte sur le niveau des loyers et des aides au logement, le coût de l’énergie, l’isolation des logements, la mobilité d’où la question sur la solution apportée par le tarif « social » électricité et gaz : est-elle adaptée et accessible? L’isolation est-elle possible ?
- l’accès aux services municipaux (cantine, vacances, accueils) pose question, s’agissant des enfants, malgré des tarifs municipaux établis sous conditions de ressources. Un non recours existe là aussi.
2° observation : les publics en demande : familles monoparentales, personnes seules et retraités. Cela pose la question d’une analyse plus fine sur les territoires des évolutions démographiques et sociologiques :
- des territoires voient plus de familles  monoparentales que de familles nombreuses (avec un couple)
- dans les villages vieillissants, les jeunes partent pour cause de non emploi proche
- les familles avec enfants s’éloignent des villes centres
- tout cela sur un fond d’inquiétude pour l’avenir
- avec un repérage d’un isolement,  conséquence de solidarités de voisinage affaiblies




2 Les Personnes Agées :
0 Le taux de pauvreté (INSEE, à 60% du revenu médian soit 964 €) 2010 s’établit à 14,1% . Tous les niveaux de vie baissent (-0,4%). Mais pour les personnes retraitées il est de 10,2%, en hausse, comparé à 2009. Le niveau de vie médian des retraités en un an a baissé de 1,1%, du fait d’une indexation des retraites insuffisante et de taux d’intérêts des placements habituels des retraités en baisse.
              1 les demandes sont sur l’énergie, le loyer, la santé, reste à charge, mutuelle
            2 le public est celui :
- de personnes à faibles ressources (moins 1100 €), isolées (donc probablement des femmes) sans familles, ni aidants, ni voisinages. Les demandes concernent des personnes au minimum vieillesse (ASPA) malgré un seuil qui a été relevé (pour les personnes isolées uniquement).
- mais aussi de personnes handicapées ou ayant des troubles psychiatriques
            3 les besoins sont :
                       - monétaires (aides financières)(énergie, logement, santé)
                       - en services à domicile (y compris dans les petites communes)
- l’isolement apparaît comme une réalité en milieu rural et met en cause l’accès aux services publics.
            Cela révèle que dans les sociétés vieillissantes, on vit plus longtemps mais seul(e), et même plus longtemps en bonne santé, que les aidants naturels sont moins présents, les invalidités se développent après 80 ans, et que les voisinages ne savent pas forcément compenser.
D’où le besoin d’aide à domicile pour l’entretien, les repas, les actes quotidiens, les soins (rôle des SSIAD), et donc la question des « restes à charge ».
           
1° observation : revenus/besoins
- on bute sur la question financière du fait du manque d’approche sur ce que devrait être un revenu minimum pour une vie décente et digne. De nombreux pays s’y sont penchés, l’ONPES s’y met en France, mais c’est encore un concept peu utilisé. Le CNLE vient de publier sa réflexion sur le « reste pour vivre ». Il conviendra de réarticuler le niveau des minima sociaux avec ce que veut dire « vivre dignement ».
- on mesure des besoins, mais va-t-on au bout de la question. Exemple : l’alimentation est souvent traitée par des repas livrés ou servis, mais les questions de la mal nutrition ou de la dénutrition ne sont pas abordées suffisamment.



2° observation : quels besoins ?
- une société vieillissante (c’est le défi démographique qu’il faut appréhender) s’analyse par territoire, notamment quant à ses évolutions démographiques et sociologiques
- les personnes âgées ont des besoins propres : chauffage à 19-20°,  relations amicales et fraternelles au lieu de l’isolement et de la solitude qui s’installent peu à peu avec l’âge, autonomie et mobilité qui s’affaiblissent, ressources fixes et stables, mais suffisent-elles pour une vie digne ?
- le rôle des services à domicile notamment est d’apporter un service, donc d’être accessibles financièrement, sinon il y a des renoncements. La qualité de l’assistance apportée par les services s’articule avec la reconnaissance des personnes.

Conclusions :
Face au(x) vieillissement(s),  les CCAS sont confrontés à de nouveaux publics en difficulté.
Une population grandissante restera à domicile, avec un fort besoin de services (repas, soins, aides diverses à domicile, mobilités), ce qui conduit à s’interroger sur l’individualisation des réponses, ou sur de nouvelles formes de réponse, plus collectives. L’accessibilité financière deviendra primordiale et conduira à revoir les tarifs et modes de calcul.
L’attente des aînés est aussi dans le champ des relations fraternelles et humaines ; elle conduira à développer des soutiens aux voisinages et aux entourages. Les réponses associatives existent, elles doivent être soutenues.
Le développement du réseau des CCAS est posé en milieu rural comme un nouvel enjeu de solidarité.
Le défi du vieillissement des sociétés est dans la capacité à maintenir un dialogue entre les âges et non une guerre/hostilité entre générations. Les relations intergénérationnelles deviennent le cœur de nos politiques. Tous nous vieillissons, tous nous sommes concernés.

Les petits frères des pauvres
Vice Président du réseau européen AGE
Membre du Conseil de l’ONPES (Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale)
19 sept 2012

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