mercredi 1 février 2012

La paupérisation des personnes âgées (3/3)


La paupérisation des personnes âgées (3/3)

Le 17 janvier 2012
Une tribune de Jean-Pierre Bultez, représentant de l'association les petits frères des Pauvres au sein des réseaux EAPN et AGE Plateforme Europe, parue dans La revue du CLEIRPPA (cahier n°44) de novembre 2011, qui constate la dégradation des conditions de vie d'un nombre croissant de personnes âgées. (3/3)

En conclusion : des politiques publiques à réviser, des opinions à mobiliser !

Face à la montée des pauvretés et précarités, faut-il un objectif de réduction de la pauvreté des aînés ?
Le tableau de bord remis au Parlement par le Gouvernement chaque année en octobre présente un objectif national de réduction de la pauvreté de toute la population et plus spécifiquement des aînés, fixé à -15% sur 5 ans. L'INSEE produit maintenant des indica· teurs de pauvreté par département et l'on pourrait sans aucun doute établir, par région et par département, des objectifs similaires. Cela permettrait plus de visibilité à l'égard des politiques publiques nationales et territoriales. La réorganisation des collectivités territoriales y aidera.
Cela passe aussi par un véritable « revenu minimum pour vivre dans la dignité >>,basé sur les besoins des personnes et donc évolutif selon les âges. A 60 ans, les besoins ne sont pas les mêmes qu'à 85 ans. C'est l'enjeu posé pour les années à venir! Il doit être saisi avec les personnes elles-mêmes et les associations qui les connaissent.
L'accès à des services publics dans la proximité
Qu'il s'agisse de santé, d'éducation, de loge· ment, d'aide à domicile, de transport, ce qui compte, pour vivre dignement en société, c'est de pouvoir accéder à des services. Les collectivités locales ont aussi créé des centres d'information comme les eue, des "forums" des aînés, des conseils des sages pour développer la participation sociale. Une attention est encore peu portée sur l'accès à tous ces services publics ou d'aide par les personnes âgées sans moyens. Les constats montrent la difficulté à participer quand on a des problèmes de mobilité, de déplacement, ne serait-ce que quelques marches d'escalier à franchir devant chez soi ! Prendre le métro ou le bus est impossible avec de faibles ressources. D'où des politiques de tarifs seniors liés aux revenus qui sont bienvenues. Si les municipalités sont attentives à ces questions, les moyens manquent parfois pour aboutir.
L'opinion publique prend conscience du vieillissement de la population. Il s'agit de faire de notre société, une société amie des aînés, car tous, nous deviendrons un jour aussi des aînés.
Les personnes âgées ne sont pas une "charge", pour la société, mais une chance. Outre les échanges de vie,les partages entre les générations, comment ne pas s'interroger sur ce dialogue des âges, indispensable pour se construire soi-même et en famille ? L'allongement de la vie modifie notre approche de la vulnérabilité, que toute personne vivra un jour ou l'autre.
A l'issue de ce tour d'horizon des évolutions en cours dans le vieillissement, force est de constater que les défis sont nombreux : assurer des ressources permettant une vie digne, maintenir des liens sociaux avec toutes les personnes, garantir une prise en charge de qualité lorsque les dépendances surviendront, créer un courant intergénéra· tionnel positif et, bien sûr, garantir la "durabilité" des systèmes financiers en cause. Au-delà, les enjeux de terrain sont aussi ceux de la cohésion sociale, du "vivre ensemble", dans la diversité et entre groupes d'àge. Voilà assurément un programme de travail pour tous. L'Union Européenne voit juste en posant l'année 2012 "Année Européenne du Vieillissement actif et de la solidarité entre les générations". A nous, citoyens, de nous en saisir.
Jean-Pierre Bultez | La revue du CLEIRPPA - cahier n°44 | novembre 2011

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