dimanche 24 juin 2012

L’impact de la « crise » sur les personnes âgées


L’impact de la « crise » sur les personnes âgées
Intervention de Jean-Pierre Bultez (Vice Président AGE )
19 juin 2012 au Comité des Régions
Quelques mots de présentation : j’habite à Lille (France), engagé dans une association, les petits frères des Pauvres qui a été crée en 1946, j’ai 7 enfants et mon père a 91 ans.
Les constats sont établis : une vie plus longue dans la société, mais avec de dépendances qui apparaissent, des ressources quasi inchangées pour les retraités (avec une érosion malgré tout du fait des indexations), la présence fréquente de 4 voire 5 générations, conduisant les générations "pivot" à prendre en charge leurs parents et aussi leurs enfants et petits enfants, les systèmes de retraite qui allongent les périodes de travail pour vivre une durée de retraite constante mais conduisent les citoyens à organiser eux mêmes leurs ressources (avec un 3° pilier d’épargne individuelle).
Les enjeux sont connus pour garder une vie décente, mais déjà constatons que les arbitrages sont quotidiens pour les personnes à faibles revenus :
         - choix de consommateurs (alimentation médiocre, chauffage réduit, éclairage réduit également, endettement grandissant, multiplié par deux depuis 10 ans chez les personnes âgées)
         - choix de comportements pour les soins (le reste à charge devient trop grand, car les mutuelles sont top chères), les déplacements et la mobilité en baisse sauf si vous êtes exonérés d’impôt (auquel cas les communes vous permettent des voyages quai gratuits), l’achat de billets de train aux moments les plus avantageux.
         - choix familiaux, comme ne voir ses enfants que 2 fois par an, quand la distance oblige à calculer le moindre coût.
Tout cela dans un vieillissement où l’on reste seul (seule), menacé par l’isolement ou la solitude.
Nous sommes donc à un moment où l’on vit à la fois des enjeux de vieillissement (avec des représentations souvent négatives des personnes âgées) et un contexte de crise économique et budgétaire que nos sociétés n’ont que rarement connue.
Il nous faut donc distinguer ce qui relève :
         - d’une aggravation de certains paramètres du vieillissement liés aux politiques publiques d’austérité ou de réduction budgétaire, c’est donc la logique des DROITS HUMAINS Fondamentaux.
         - d’une urgence à revoir notre modèle de fonctionnement social pour redonner à tous els acteurs u rôle et des perspectives nouvelles, c’est la logique de l’ETHIQUE DU VIVRE ENSEMBLE.

1 - L’aggravation des phénomènes à l’œuvre, comme :
         - les inégalités de ressources, que ce soit via les systèmes de retraite, les minima sociaux. Même si l’on prend sa retraite tardivement, les montants de la retraite n’augmentent guère.
         - le phénomène d’appauvrissement notamment des femmes âgées.
         Les solutions sont connues malgré tout :
                  - sur le long terme : les politiques de l’emploi non discriminantes (hommes femmes), la qualité de l’emploi durable, l’évolution des rôles sociaux entre hommes et femmes pour un meilleur partage des tâches comme des opportunités
                  - sur le moyen terme : revoir dans les systèmes de retraite les formes et modes de compensation des rôles tenus par les femmes (maternité/nombre de trimestres par enfant, suivi scolaires, …), modifier l’indexation des pensions pour le 1) et 2° pilier, afin de ne pas renvoyer le citoyen vers des formes d’épargne individuelle du 3°pilier, établir un lien entre les montants de retraite minimum et le panier de biens essentiels et le revenu minimum adéquat aux âges de la vie.
2 – Va-t-on vers une « exclusion » de certains publics âgés et par là vers une moindre cohésion sociale?
OUI, sauf à réviser sérieusement :
- l’accès à des services publics (santé et soins de longue durée, logements adaptés, transports) : les restes à charge devraient être réduits, l’accès facilité à des équipements indispensables (lunettes par exemple), la possibilité d’accéder à un logement social, les dispositifs de veille comme celui de la période d’éventuelle canicule, les transports adaptés pour des personnes à mobilité réduite.
         - la solidarité entre les générations n’est pas soutenue :
- les aidants familiaux sont vite épuisés et des politiques de soutien (financier, psychologique, de répit) deviennent nécessaires,
- les seniors qui soutiennent les jeunes dans leur accès à l’emploi ou dans l’entreprise (le contrat « générations » par exemple)
- la participation sociale (activités culturelles, loisirs, clubs, relations intergénérationnelles)
- la solidarité de proximité, qui s’ajoutant aux soins professionnels, permet à des voisins, des entourages, de restaurer le lien social, avec d’éventuels soutiens par les nouvelles technologies. Si le maintien à domicile est bien une  politique publique de grande envergure, il convient de la relier à toutes les parties prenantes, car c’est bien de qualité de la vie qu’il s’agit.
Pour conclure :
Notre vieillissement est à la fois individuel et collectif.
Le travail de prévention à engager nous conduit à :
- aider les citoyens comme les décideurs politiques à prendre en compte la parole des personnes âgées (qui sont bien un potentiel pour la société),
- garder actifs les systèmes de solidarité (et non des systèmes du chacun pour soi),
- à « penser » son vieillissement comme un acte vital pour le bien de la société.

Voilà un beau programme de mobilisation pour cette année 2012, une occasion de valoriser ce mot de « care ».
Jeanpierre.bultez@gmail.com

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