N° 1067
Action sociale
Laser
Un premier indice de pauvreté relative
L’observatoire de la
pauvreté publie les budgets nécessaires à une vie décente et permettant une
bonne inclusion dans la société. Des budgets consensuels au-dessous desquels il
faut procéder à des privations ou faire appel à la solidarité.
Les nouveaux indices
de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) ont
provoqué bien des débats le mois dernier. Avec un budget de référence de 1.424 € pour un actif seul
vivant en logement social, ces nouveaux indicateurs rompent clairement avec les seuils de pauvreté
(990 € par mois pour une personne seule). Et ce, à juste titre, car ces nouveaux
budgets ne sont pas des niveaux de survie mais une évaluation « des
besoins pour une participation effective à la vie sociale ». Des budgets pour
vivre dignement et ne pas devoir arbitrer pour sortir et avoir des amis. Ces
budgets varient entre 1.424 et 3.284
euros par mois suivant la composition du foyer et le logement occupé (parc
social ou privé). S’ils sont nettement supérieurs aux indices monétaires de
pauvreté ils ne sont néanmoins pas surévalués, le principe ayant été de définir
les besoins essentiels, sans exagérer.
Pour établir ces nouveaux indices, l’Onpes s’est basé sur une étude commandée au Crédoc et à l'Ires (Institut de
recherches économiques et sociales). Une étude menée par la méthode du
"consensus éclairé", inspirée de méthodologies anglo-saxonnes. Pour la réaliser, les chercheurs ont réuni des
groupes de citoyens par profil : actifs
célibataire, actifs en couple, en famille avec un ou deux parents ainsi que
retraité isolé ou en couple. Ces groupes sont constitués de personnes
représentatives de la société (chômeurs, employés, cadres…). Ainsi, 34 groupes
de travail ont planché pendant trois à six heures chacun sur les paniers de
besoins essentiels à une vie permettant d’être inséré dans la société. Des
paniers élaborés sur la base du consensus et affinés par des experts. Une fois
validé, le contenu de ces listes de biens et services a été transformé en
budget, en fonction des prix du marché. Des budgets élaborés avec des
ménages issus de deux "villes moyennes" : Tours et Dijon.
Dans ces budgets, on retrouve les dépenses classiques : logement,
habillement, alimentation, équipement, transport, santé… On y observe les
besoins ressentis et faisant l’objet d’un consensus comme, en matière de
logement, une chambre pour chaque enfant de sexe différent et de plus de six
ans. En termes de catégories, le logement reste le poste le plus important avec
37% pour un retraité isolé en logement social et 33% pour un actif.
L’alimentation pèse entre 14% et 22% du budget, presque autant que le
transport : 21% pour un célibataire. Mais la particularité de ces budgets
est qu’ils comportent aussi un volet vie sociale. En déterminant les besoin de
foyers bien insérés, comme un indicateur d’inclusion, il détermine ce que coûte
cette insertion, entre 10 et 14% du budget. « Ce budget comporte des dépenses comme une ou deux semaines de vacances
par an, des sorties au cinéma, de quoi recevoir des amis à l’apéritif ou une
baby-sitter une fois par mois pour des familles monoparentales, précise
Dider Gélot, secrétaire général de l’Onpes. Il
prévoit aussi de faire un cadeau pour l’anniversaire des enfants. »
La commission européenne a toujours été très intéressée par cette notion
de budget adéquat pour vivre dignement, notamment dans le cadre de la création
d’un revenu minimum.
« La Belgique
ou la Suède ont étudié les consommations moyennes à partir d’outils
statistiques pour en déduire la consommation adéquate, remarque Jean-Pierre Bultez, ancien vice-président
du réseau AGE Platform Europe et membre du réseau européen de lutte
contre la pauvreté. Mais la commission cherche à proposer
aux Etats de l’Union une méthodologie commune. Cela permettrait de comparer
les budgets de référence entre chaque Etat. » Selon Jean-Pierre
Bultez, cette approche amène à reconsidérer ce qu’on appelle la pauvreté en
déterminant une situation de pauvreté relative. L’Onpes rappelle que ce budget
ne qualifie pas les personnes "en situation de pauvreté" mais
"ne disposant pas de tous les moyens nécessaires pour participer
effectivement à la vie sociale". Une situation qui nécessite des
arbitrages de dépenses et des renoncements sauf à trouver les biens et services
dans l’entourage ou grâce à la solidarité. Et qui concerne 40% des familles monoparentales
et 45% des retraités.
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